Les pratiques de luttes qui se déploient ces dernières années semblent répondre à la conception des pouvoirs théorisée par Michel Foucault. Il ne s’agit plus vraiment d’exhorter les masses à prendre un pouvoir central pour l’exercer ensuite, mais plutôt d’attaquer les multiples relais stratégiques des pouvoirs dans l’espoir de les neutraliser. Nous nous en prenons aux banques, aux armures des flics ou aux pubs autant que l’on affronte – par nos vies, nos pratiques et dans nos corps – le travail comme finalité de l’existence, la propriété, les normes de la famille, de la vie privée, du genre ou de la sexualité.
Si nous ne cherchons pas à récupérer le pouvoir c’est que nous sentons qu’il est multiple, diffus et qu’il s’exerce sans être toujours détenu par la classe dominante. On le trouve niché dans un formulaire administratif comme parfois dans une assemblée militante ou un dîner de famille. Sans renoncer à toute analyse en terme de classe sociale, ni éluder le rôle central de l’Etat, Foucault a proposé une réflexion sur le fonctionnement des relations de pouvoir qui part plutôt des savoirs et des techniques d’orientation des conduites. Sa réflexion nous semble éclairante pour comprendre comment certains pouvoirs nous façonnent en prenant appui sur nos liberté, et imaginer des stratégies pour s’en dégager.
Le but de ces journées de discussions est de prendre le temps et le recul pour se confronter aux écrits de Foucault et tenter de rendre accessible une partie de sa pensée.